Interview de Béatrice Belabbas, dirigeante de Sociobel sur le service social du travail 

Un monde en mutation : la vision d’une femme dirigeante

À la fois assistance sociale en entreprise et cheffe d’entreprise, Béatrice incarne une double expertise qui lui confère un regard unique. Sa conviction ? Rester en phase avec un monde qui bouge de plus en plus vite — entre révolution numérique, IA, crises sociétales et quête de sens — pour proposer un accompagnement social souple, adapté, et indispensable à la responsabilité sociale des entreprises (RSE).

« Je suis attachée à ce que notre activité soit toujours en lien avec ce monde qui bouge très vite », explique t-elle. « Le monde est en perpétuelle mutation ; c’est parfois anxiogène, et cela génère des pertes de repères. Plus que jamais, un service social d’entreprise est impactant pour les entreprises et leurs collaborateurs. »

Dans ce contexte, être femme dirigeante et assistante sociale, c’est conjuguer deux réalités :

• La réalité économique de l’entreprise et du dirigeant, avec les contraintes économiques, et la nécessité d’innover et de conserver une viabilité au quotidien.
• La réalité humaine, qui exige de préserver l’équilibre vie pro/vie perso et de veiller au bien-être des collaborateurs, mais aussi de renforcer l’attractivité et la marque employeur.

 « On a longtemps favorisé la performance à tout prix. Aujourd’hui, on parle de QVT, d’environnement et de bien-être. Je suis convaincue qu’un équilibre sain est possible, si l’on met vraiment l’humain au cœur. »

Cette double casquette lui donne une vision holistique : Béatrice comprend de l’intérieur les contraintes d’un employeur comme les besoins d’un salarié. Selon elle, c’est la clé pour réconcilier performance et valeurs humaines.

Des débuts dans le social au désir d’agir au cœur des entreprises

« J’ai choisi très tôt de devenir assistante sociale, avec l’idée de faire de la prévention pour que les personnes restent dans le monde du travail et ne s’en retrouvent pas exclues. »

Après avoir obtenu son diplôme d’État d’assistante sociale et une licence en AES, elle découvre différents secteurs : l’industrie, la santé au travail, la presse… À chaque fois, elle se confronte à des problématiques humaines complexes : restructurations massives, maladies professionnelles, expatriation, difficultés socio-économiques, etc.

Rapidement, elle constate que les plus grandes structures disposent de services assez rigides ; les plus petites, elles, peinent à accéder au service social du travail. Et pourtant, les préoccupations des salariés (et des employeurs) existent partout  : problèmes de logement, gestion de budget, démarches administratives, parentalité, fin de carrière, santé mentale…

« J’ai compris qu’il fallait pouvoir proposer des prestations plus souples, adaptées aux contraintes spécifiques de chaque entreprise, quelle que soit sa taille. L’idée, c’était d’être à la carte. »

La naissance de Sociobel : un pari entrepreneurial audacieux

En 2007, alors que l’entrepreneuriat féminin n’est pas encore sur le devant de la scène et que le travail social indépendant est marginal, Béatrice Belabbas se lance.

Elle fonde Sociobel sur un concept alors inédit : mettre à disposition des entreprises, grandes ou petites, un service social externalisé et personnalisé. Elle raconte la difficulté des débuts : pas de rupture conventionnelle, peu d’aides à la création d’entreprise, et une grande méconnaissance de ce métier atypique chez les banquiers ou les experts-comptables.

« Être entrepreneur, c’est un vrai choix : c’est prendre un risque, miser sur un projet et changer de vie. À l’époque, la rupture conventionnelle n’existait. J’ai tout quitté pour monter Sociobel, j’étais maman d’un petit garçon de 6 ans. Cette prise de risque fait partie de l’ADN de ma démarche. »

Malgré les défis, Sociobel grandit rapidement. Béatrice Belabbas gagne la confiance d’entreprises de secteurs très variés, allant du transport à l’aéronautique, en passant par la PME locale. et des marchés publics. Certains clients sont d’ailleurs restés fidèles depuis les débuts, preuve de la solidité et de la pertinence de ce modèle.

Son point fort : l’agilité. L’entreprise propose des contrats à la carte, avec un cœur de métier centré sur l’accompagnement social, et s’appuie progressivement sur une équipe pluridisciplinaire (psychologues, etc.) pour aller plus loin.

Le service social en entreprise : un levier clé pour les salariés et les employeurs

La raison d’être de Sociobel est la même depuis sa création : permettre à chaque employeur, quelle que soit sa taille ou son secteur, de ne jamais rester sans réponse face à un collaborateur en difficulté. Concrètement, cela signifie mettre à disposition des salariés un espace neutre et éthique, où ils peuvent trouver écoute, conseils et accompagnement tout au long de leurs moments de vie et de leur évolution dans l’entreprise

• À l’embauche : difficultés à trouver un premier logement ou à effectuer certaines démarches.
• Lors de la parentalité : mieux comprendre ses droits, organiser sa vie de famille.
• En cas d’accident de la vie : maladie, handicap, modification de la structure familiale…
• Au moment de la retraite : préparation des formalités, transition de fin de carrière, etc.

« Nous sommes ce sas neutre de l’entreprise où chacun peut venir en toute confidentialité. Qu’on soit cadre ou ouvrier, on peut avoir besoin d’un tel soutien un jour. Il suffit d’un aléa pour que la vie bascule. Mieux vaut être accompagné que de se débattre seul. »

Sociobel, c’est aussi un relais pour les services RH et les dirigeants, qui bénéficient d’un regard extérieur pour gérer des sujets délicats : santé mentale, gestion budgétaire, violence intrafamiliale, budgets déséquilibrés, etc.

L’ancrage à Roissy : un choix stratégique et passionné

Lorsqu’elle se lance en indépendante, Béatrice s’appuie sur sa bonne connaissance du secteur aérien. Elle fait donc le choix d’installer Sociobel à Roissy, à proximité directe de la plateforme aéroportuaire. Un cadre qui la fascine depuis longtemps :

« Roissy, c’est une véritable fourmilière : une diversité incroyable de métiers et de conditions de travail, dans un environnement ultra-technique mais profondément humain. C’est un écosystème dynamique où tout s’enchaîne en continu pour faire tourner la plateforme 24h/24. »

Elle s’implique par ailleurs dans la vie entrepreneuriale locale dès qu’elle le peut. Elle a notamment présidé l’Association des travailleurs sociaux indépendants (ARTSI), et continue à accompagner, en tant que mentor, des femmes issues de quartiers prioritaires qui se lancent dans la création d’entreprise (via l’association Initiactive 95-78).

Elle est également ambassadrice de l’agence de développement Roissy Dev et finaliste de l’édition 2025 du concours “créatrices d’avenir”.

Une offre qui s’adapte aux mutations du monde du travail

Digitalisation, nouveaux modes de management, montée en puissance de l’IA, crise du logement, RSE, nouvelles générations exigeantes quant au sens et à l’éthique… Tous ces facteurs bouleversent le quotidien des salariés comme des employeurs.

« Nos équipes d’assistantes sociales et de psychologues restent en veille. Nous intervenons sur des questions de prévention, de souffrance psychologique, d’accompagnement budgétaire et social. Tout cela fait partie du socle RSE d’une entreprise : on ne peut plus se contenter de produire ou de vendre sans se soucier de la dimension humaine et environnementale. »

Grâce à ce positionnement, Sociobel peut accompagner aussi bien de PME que de grandes entreprises implantées dans toute la France, ainsi qu’en Outre-mer.

Conclusion

« J’aime les choses qui ont du sens. Notre métier a du sens et donne du sens dans un monde qui va trop vite. »

Depuis ses premières années d’assistante sociale jusqu’à la réussite de Sociobel, Béatrice Belabbas reste droite dans ses bottes, cohérente avec ses valeurs et sa vision de départ. Une trajectoire inspirante où s’allient prise de risque, solidarité et volonté de faire bouger les lignes.

À l’heure où les entreprises doivent composer avec des mutations technologiques, économiques et sociétales de plus en plus rapides, le service social en entreprise apparaît comme un levier incontournable de bien-être, de prévention et d’innovation sociale.

Sa conviction ? Seules les organisations capables de trouver l’équilibre subtil entre rentabilité et bien-être de leurs collaborateurs resteront performantes à long terme. Son pari entrepreneurial de 2007, qui pouvait sembler marginal à l’époque, est devenu une référence pour beaucoup d’entreprises.

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