Pour permettre aux dirigeants et aux RH de répondre véritablement aux enjeux de Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) et de santé mentale, Sociobel et son équipe d’assistants sociaux et de psychologues du travail proposent un accompagnement psychosocial expert et global.
Nous avons exploré ces sujets avec Ghislain Vedeux, psychologue clinicien du travail et partenaire de Sociobel, pour dépasser les idées reçues. Fort de son expérience, il nous livre une vision pragmatique et des pistes d’action pour un engagement réel en faveur du bien-être en entreprise.

L’urgence et l’accompagnement : les premières lignes de l’intervention du psychologue du travail
Pour Ghislain Vedeux, le rôle du psychologue du travail, prend souvent une dimension cruciale lors d’événements critiques. « En cas d’accidents graves, de suicides, ou d’autres chocs, nous mettons en place des cellules de crise, » explique-t-il. L’objectif est double : accompagner la personne directement impliquée, mais aussi « s’occuper des autres collaborateurs, car une situation de crise provoque toujours une onde de choc. Des personnes auxquelles on ne pense pas sont souvent très impactées, ravivant parfois des traumas personnels. »
Au-delà de l’urgence, des accompagnements individuels peuvent être mis en place ; « Dans cet accompagnement, » insiste Ghislain, « on est vraiment centré sur la personne : sur son ressenti et sur sa relation au travail. »
La relation au travail pour redéfinir la QVCT au-delà des apparences
La QVCT est souvent la porte d’entrée pour faire appel à un accompagnement psychologique des collaborateurs.
Mais Ghislain souligne les incompréhensions récurrentes sur la QVCT, conduisant à des facilités avec des actions de façade :
« Le bien-être au travail, la QVCT, ce n’est pas seulement installer un baby foot, une table de ping-pong, organiser des séances de coaching, de massage, ou de cuisine… La QVCT concerne surtout les conditions de travail et la qualité de la relation au travail. »
Il détaille en 4 points cette centralité de la relation au travail pour traiter en profondeur la QVCT :
- La relation à sa tâche
- La relation à ses pairs : Le soutien, la collaboration.
- La relation à la hiérarchie : Confiance, écoute, reconnaissance.
- La relation aux organisations formelles ou informelles (institutions représentatives du personnel, élus représentants des salariés…).

Le rôle du psychologue du travail : facilitateur et révélateur
Le psychologue en entreprise est un facilitateur. « Souvent, les RH ou les managers nous contactent car ils sont confrontés à des situations qui les dépassent. Nous sommes là pour les accompagner, leur donner des outils pour dénouer les difficultés en se focalisant sur la relation au travail. »
Dans tous les cas, le psychologue ne se substitue pas aux partenaires sociaux, mais il apporte un éclairage spécifique.
Ghislain Vedeux l’affirme, son rôle et celui de ses confrères est de « venir visibiliser le travail invisible. » En effet, « les salariés ont plein de savoirs mais ils ne savent pas qu’ils les ont. L’enjeu : leur faire ressortir pour qu’ils extériorisent. » Les solutions, insiste-t-il, « ne viennent pas du psy mais des opérationnels, des collaborateurs eux-mêmes. » Le rôle des psychologues du travail est de les révéler.
Sa démarche est claire : « Je vais vous accompagner à comprendre le processus qui vous a mené à cette situation, et remettre le travail au centre. »
Interventions collectives : du groupe au collectif de travail
Ghislain Vedeux souligne l’importance de parler collectivement de la relation au travail :
« Discuter des différentes façons de faire, réinterroger la pratique, permet d’éviter l’isolement qui peut mener à la solitude et le sentiment de honte. »
Il décrit le fonctionnement des interventions collectives, souvent par groupes de pairs, exerçant la même fonction au sein de l’entreprise. L’objectif ? « Pouvoir faire en sorte que les différents professionnels puissent parler de leur travail, de leurs différentes façons de faire. » Il est important de noter que rien n’est figé, l’on s’adapte et l’on découvre en même temps avec le groupe ce qui va émerger et nous en co-construisons le sens.
On y travaille sur trois plans :
- La prescription : Ce qui est défini par la fiche de poste.
- L’activité réelle : Ce que les collaborateurs font.
- Le réel de l’activité : « Tout ce qu’ils aimeraient faire, Tout ce qui leur est empêché de faire, tout ce qu’ils font pour ne pas faire ce qu’il y a faire, tout ce qu’ils font qui n’est pas pris en compte par la prescription. On peut parler du travail invisible ou invisibilisé…. »
« Le dégré d’écart entre le prescrit et le réel crée souvent des tensions et le mal-être, » note Ghislain.
Ces espaces de discussion sur les « conflits de critères » (différentes manières de faire pour une même tâche) ne visent pas à dire qui a raison ou tort, mais à permettre l’échange.
La finalité est de passer « du groupe de travail au collectif de travail, où les membres se reconnaissent entre eux dans des façons de faire et se soutiennent. » L’un des objectif est la « reconnaissance par les pairs. »
En effet, être invalidé par le collectif ou par sa hiérarchie peut mener à des conséquences graves, à l’isolement et au mal-être. Il est également important de se reconnaitre dans ce que l’on fait. Des situations de mal être proviennent également du fait que beaucoup réprouvent ce qu’ils font, et qu’ils n’ont pas la possibilité de l’exprimer.

Prévention, conseil et accompagnement au quotidien
Le champ d’intervention du psychologue du travail est vaste. « On ne sollicite pas seulement le psychologue du travail quand on va mal, mais aussi quand ça va bien, » martèle Ghislain. La prévention est essentielle pour éviter de nombreuses conséquences néfastes pour les collaborateurs mais aussi pour l’entreprise (absences répétées, abandons de poste, turnover…).
« Nous solliciter quand tout va bien, par exemple pour l’intégration d’un nouveau collaborateur ou l’implémentation d’un outil au travail (logiciel, nouvelle machine, etc..) c’est donner des outils pour anticiper les problèmes. C’est de la prévention. »
Pour l’entreprise, investir dans le bien-être : un calcul gagnant
Pour Ghislain Vedeux, l’intervention d’un psychologue du travail est un investissement rentable.
« Ne pas prendre soin de ses équipes, c’est ce qui est le plus coûteux. Le premier indicateur de la bonne santé du travail dans une entreprise est l’observation du taux d’absentéisme, puis vient l’observation sur la quantité des turn over… » .
En moyenne selon les dernières études, le coût moyen de l’absentéisme au travail par salarié par an oscille, aux environ de 4000 €. Le taux d’absentéisme révèle le degré de mal être des salariés et l’impact négatif qu’il a sur les finances de l’entreprise…
Le taux d’absentéisme moyen selon la dernière étude était de 6,1% avec une moyenne de 22 jours d’absences par salariés par an. Par exemple, sur un effectif d’environ 180 salariés, ces 6,1% de moyenne signifient environ 11 personnes absentes (sans compter les turn-over des intérimaires qui peuvent représenter au minimum environ 44 000€ de dépenses.) Une intervention préventive de 10 000€ peut faire faire des économies considérables en réduisant les arrêts.
Il s’agit d‘aider aussi les managers à avoir les bons outils pour “faire en sorte que ça tienne” et pour qu’ils deviennent autonomes dans l’accompagnement de leurs équipes.
L’approche du Psychologue du travail, humaine et éthique
Ghislain Vedeux insiste sur plusieurs principes fondamentaux :
L’extériorité : « Pas de préjugés, pas d’idées préconçues. La base, c’est l’observation, l’écoute active pour les accompagner à expliciter leur vécu. »
Recentrer sur le travail : « Si ça va mal, on rapatrie sur le travail et pas sur la personne. On réinterroge l’organisation. » Cela soulage la personne.
Le conflit comme ressource : « Le conflit est une ressource. Il identifie ce qui fait tension. L’enjeu est de comprendre les processus, le ‘comment on a fait pour en arriver là’. »
Les émotions au travail : Il faut des espaces pour que les émotions (colère, tristesse) puissent être exprimées. « L’une de nos forces : notre vulnérabilité. Cacher nos vulnérabilités est une erreur ; ce sont aussi des atouts. »
L’humilité et le travail en équipe : « Un psychologue n’intervient jamais seul. C’est un travail collectif, y compris avec nos pairs psychologues, pour garantir distance, impartialité, neutralité et réinterroger notre propre pratique. C’est une éthique du travail. »
Vous souhaitez être en savoir plus sur l’accompagnement psychosocial dans votre entreprise, avec l’intervention d’un psychologue du travail et du soutien sur vos actions QVCT ? Contactez notre équipe pour échanger.
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